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pour les hommes, et des hommes commandant à leurs semblables avec un despotisme illimité[1].

Devant un tel enthousiasme, ces efforts infatigables et les envahissements de la vie chrétienne, l’esclavage décrédité, pressé de toutes parts, aurait infailliblement succombé. Mais un événement qui ouvrait une ère nouvelle, l’invasion des barbares, devait en retarder la ruine. Les peuples du nord venaient s’asseoir sur les débris de l’empire romain avec leurs mœurs, leurs traditions, leur ébauche de société. Dans leurs tribus figuraient les esclaves, cette proie de la conquête, ce monument vivant du droit de la force sur les Vaincus. Sous plus d’un rapport leur sort était plus doux et plus supportable que sous le joug des Grecs et des Romains. La nature, livrée à elle-même, remportait en grâce et en humanité sur les raffinements d’une civilisation corrompue et corruptrice. Néanmoins la servitude existait dans ce qu’elle avait de plus triste et de plus positif, inconciliable par conséquent avec l’esprit du christianisme. Quel moyen de la détruire et d’arracher au vainqueur le

  1. Voyez dans Mœhler les preuves et les développements de ces faits.