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subi une transformation, une métamorphose imprévue ; le temps arrive où le pouvoir, en la personne de Constantin, doit reconnaître un fait désormais indestructible, apprécier sa portée, transiger avec lui par des concessions que lui dictait sa propre sécurité. « Le christianisme avait fait pendant trois siècles, au dedans et au dehors de l’empire, des progrès qu’il n’était plus possible d’arrêter ; le gouvernement fut obligé de céder : il dut lui en coûter. Cette religion, loin de favoriser le despotisme et l’autorité purement militaire dont les empereurs étaient revêtus, en faisait sentir l’abus et l’injustice. L’Évangile en établissant une étroite fraternité entre les hommes tendait par là même à y mettre plus d’égalité, à rapprocher davantage le monarque des peuples. Les maîtres du monde étaient accoutumés à regarder leurs sujets comme des esclaves, il fallait les traiter de frères, partager avec eux les avantages et les devoirs de la religion, s’asseoir à la même table, envisager l’autorité comme une charge redoutable, comme un dépôt reçu de Dieu, accorder aux pasteurs le droit d’enseigner et de reprendre sans distinction de rangs ni de personnes. Ce nouvel ordre