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Jésus-Christ soit avec votre esprit. Amen. »

Quelle exquise sensibilité ! quel empire par l’esprit ! La prière n’est-elle pas ici la forme la plus sublime de l’affranchissement, et l’esclavage pouvait-il tenir long-temps contre l’action d’une doctrine qui ajoutait au cœur des fibres d’amour et de tendresse inconnues jusqu’alors ? C’est en régénérant l’homme moral que les apôtres préparaient la régénération de l’homme politique, du citoyen par le chrétien ; du droit à la cité céleste jaillissait comme un éclair consolateur le droit à la cité terrestre.

Mais le mouvement de l’apostolat rayonne au loin, les faits se pressent et deviennent chaque jour plus imposants. Dans l’Église, centre de fraternité, arche d’alliance entre Dieu et l’homme, les esclaves viennent se réfugier, demander la vie et la liberté du baptême. L’espérance allège le poids de leurs fers ; sur leurs lèvres la parole évangélique emprunte un charme indéfinissable, une puissance qui passe toute conception. En vain le vieux paganisme sourit de pitié à la vue de ces malheureux ennoblis par la croix et taxe de folie leur enthousiasme naissant : la folie triomphe du dédain. À son insu la société a