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tous un en Jésus-Christ[1]. » Les prétentions des races, les préjugés qui divisaient les hommes ; la muraille de chair qui les parquait, l’égoïsme prodigieux, la fatale immobilité qui caractérise le fond des sociétés antiques, morne et lugubre émanation de leurs doctrines religieuses, tout cela tombe et s’écroule devant la lumière et l’amour du verbe incarné. Quelle énergie, quel ressort irrésistible dans ces paroles aussi ardentes que nouvelles de l’apostolat chrétien ! Pouvaient-elles être stériles ? pouvaient-elles ne pas germer dans la terre de l’homme ? Volant sur elle avec le temps et la vérité leurs complices, elles minaient les institutions du paganisme ; mais la dissolution qu’elles opéraient était d’autant plus infaillible qu’elle était plus lente en apparence. Près du cadavre la vie s’organisait, et le jour qui devait annoncer la ruine définitive de Rome et de la Grèce devait en même temps révéler une société brillante de jeunesse et d’avenir, forte de sa propre force, s’écriant à son tour : Me voilà ! à moi le monde ! On comprend que les apôtres pouvaient

  1. Aux Galates, chap. iii, v. 27.