Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/23

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 12 —

l’esclavage pouvait être attaqué dans son essence la plus intime et desséché dans ses racines les plus profondes. Il devenait possible de descendre dans les replis les plus secrets du cœur humain, de sonder la plaie qui le rongeait, de calmer ses douleurs, de le rajeunir par la pureté, de faire revivre la vérité et l’excellence de ses rapports avec Dieu et ses semblables. Si par hypothèse un homme, apparaissant dans l’antiquité, eût par l’effet d’une puissance magique brisé soudain les fers des esclaves, qu’en serait-il résulté ? une révolution des plus sanglantes qui eût jamais agité le monde, un déchaînement d’atrocités et de barbaries, dont le dernier dénouement eût ramené infailliblement l’esclavage sur la terre ; pourquoi ? parce qu’il est dans la nature des choses qu’un fait se reproduise, toutes les fois que son germe n’a pas été anéanti : or le germe de l’esclavage résidait dans l’intérieur de l'homme ; c’était là d’abord que sa dissolution devait s’opérer sous le souffle de la parole de vie à la fois destructive et créatrice. Violence et impuissance étaient, dans cette situation de l’humanité, paroles synonymes. Dire à un peuple : Va, je t’affranchis, n’est qu’une amère dérision ! Un peu-