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entre eux par une espèce de solidarité, ils en perçoivent les conséquences souvent immédiates. Leur influence réciproque, leurs rapports sont trop intimes pour qu’il ne s’établisse pas entre eux un certain équilibre ; et c’est sous ce point de vue que tout pouvoir est toujours l’expression de la somme de vices et de vertus qui régnent dans un peuple.

L’infraction d’un devoir, un désordre moral et par suite une dégradation de l’âme humaine, telle est donc l’origine et la cause de l’esclavage, de cette plaie qui a dévoré la terre pendant un laps de temps si effrayant et dont elle n’est pas tout à fait guérie. L’homme a été lié, a été esclave, à l’intérieur, esclave de lui-même, avant de l’être à l’extérieur et pour le compte d’autrui ; personne ne peut entrer dans la maison de l’homme fort, a dit la vérité incarnée, et lui piller son bien s’il ne l’a premièrement lié : il peut alors piller sa maison[1]. La force, l’ambition, la féroce antipathie des races n’ont été que les puissances exécutrices d’une destinée, dont le germe avait été posé librement, et n’ont pu se déve-

  1. Saint Marc, chap. III, v. 27.