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n’être point volé. Le principe sur lequel repose la propriété donne naissance a un devoir et à un droit : à un devoir, lorsque l’initiative de l’action part de nous ; à un droit, lorsque l’initiative de l’action est en dehors de nous et qu’elle doit s’exercer par rapport à nous. C’est ainsi que de tout devoir ressort un droit et réciproquement. Un devoir sans droit, telle est peut-être la définition la plus rigoureuse de la tyrannie ; il représente une obligation arbitraire, isolée, sans garantie, sans lien dans l’ensemble des choses. Un droit sans devoir est le rêve le plus désordonné de la licence, c’est une usurpation, une puissance sans frein, une arme à l’ordre des passions. Dans l’un et l’autre cas, le caprice et la fiction en contravention flagrante avec la mesure et l’harmonie de la loi créatrice, ne peuvent qu’enfanter une perturbation morale et sociale qui conduit à la mort : l’homme est de toute nécessité opprimé ou oppresseur. La corrélation entre le devoir et le droit et l’identité de leur origine étant posées, il s’ensuit qu’enfreindre un devoir c’est violer un droit, c’est attenter aux rapports et aux proportions sur lesquels repose le bien et le juste, c’est s’isoler au milieu de la