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le point d’appui fût pris en dehors de l’humanité et que son centre, fût reporté en Dieu. Il fallait que la vie déifiée coulât dans ses veines pour la reconstruire par l’intérieur et lui donner la vision d’une création nouvelle. Sous ce rapport l’humanité languissait impuissante, perdue dans des ténèbres invincibles. Si le christianisme a pu détruire l’esclavage c’est qu’il en a indiqué, sondé, purifié l’origine et la cause, c’est qu’il a refait l’homme intérieur pour affranchir l’homme extérieur, c’est qu’il a fixé dans la vérité la mesure et les proportions des choses, en sanctionnant le droit par le devoir et réciproquement. La liberté est sortie de l’humanité, le pouvoir de la continence, la science d’une douleur volontaire. Le christianisme est, à proprement parler, la seule révolution, le seul moteur original qui ait animé et modifié radicalement le genre humain. Que les peuples ne disent donc pas : c’est nous qui nous sommes faits, tandis que tout leur a été donné. Ils ont tout reçu, sciences, arts, morale, politique, législation. Pourraient-ils prouver qu’ils ont ajouté au don du Christ et que déjà ils n’ont pas flétri sa fleur de vie, sa grâce d’amour et sa puissance d’intelligence ? Parmi les idées