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INTRODUCTION

trement ni obscurité toute une variété d’incidentes[1]. Il est à peu près impossible de transporter en notre français rigide et méthodique une structure si complexe, si sinueuse et si souple. À cela joignez enfin la multiplicité des allusions à la vie antique. J’ai dû parfois éclairer, par un minimum de mots ajoutés, l’obscurité du texte grec. Plus fréquemment, quand cette addition eût dégénéré en paraphrase, j’ai eu recours à une note. Ma traduction, en effet, est accompagnée d’un petit nombre de notes explicatives. Les savants les jugeront peut-être bien élémentaires. C’est qu’elles ne s’adressent pas à eux : elles sont destinées à cette classe de lecteurs, curieux des choses antiques, mais qui ne se piquent point d’érudition et ont le légitime désir de n’être pas à tout moment arrêtés par des énigmes. Quant aux savants, je publierai prochainement à leur usage un Commentaire philologique, qui sera le complément du présent volume, et où seront abordés et, dans la mesure de mes forces, résolus les problèmes de tout genre que soulève le texte des Caractères. Grâce à ces trois publications, texte, traduction et commentaire, le lecteur français aura désormais à sa disposition, sans être obligé de recourir à l’érudition étrangère, tous les secours nécessaires (du moins serait-ce là mon ambition) pour l’étude d’une des œuvres les plus agréables et les plus spirituelles que nous ait léguées l’antiquité grecque[2].

O. N.

Toulouse, mai 1919.



  1. Cf. mon étude sur Théophraste et La Bruyère (Revue des études grecques, t. XXVII, 1914, p. 384-440).
  2. Depuis que ces lignes ont été écrites, a paru une nouvelle édition-traduction italienne des Caractères par G. Pasquali, Florence, 1919. J’ai pu, un peu hâtivement, prendre connaissance de cet ouvrage et en tirer quelque profit.