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INTRODUCTION

Leipzig, qui, bien moins à la vérité que leurs prédécesseurs, mais trop fréquemment encore, s’évertuent à expliquer l’inexplicable. C’est ainsi, par exemple, qu’en fait de vocabulaire et de syntaxe, tout ce qui manifestement heurte l’usage des écrivains du ive siècle avant J.-C. et l’usage personnel de Théophraste (lequel nous est connu par ses autres ouvrages) m’a paru devoir être résolument condamné. Mais en présence d’un passage corrompu quelle doit être l’attitude de l’éditeur ? Il serait sans doute commode, sous couleur d’objectivité scientifique, de signaler simplement la faute, en s’abstenant systématiquement de toute correction. Mais, à procéder ainsi, on duperait le lecteur, qui se trouverait devant un texte rebutant, tranchons le mot, illisible. Comme la plupart de mes prédécesseurs, j’ai donc essayé de ramener à leur intégrité les passages corrompus. Tâche infiniment délicate, mais pour laquelle les secours, à la vérité, ne manquent pas. Telle est la masse de conjectures accumulées par les éditeurs de Théophraste, depuis Isaac Casaubon jusqu’à nos jours, que l’éditeur moderne a surtout l’embarras du choix. Mais cet embarras est grand. Chaque choix particulier (et il y en a plusieurs centaines) est un petit problème qui exige réflexion, prudence, discernement, Je me suis efforcé, dans chaque cas, de n’opter que pour la lecture la plus vraisemblable, tant au point de vue de la graphie que du sens. Au reste, les hypothèses d’autrui ne m’ont pas toujours satisfait. En une cinquantaine d’endroits j’ai inséré des conjectures personnelles[1]. Le coefficient de probabilité de ces diverses corrections est naturellement fort variable. Certaines, mais c’est le petit nombre, atteignent la quasi-certitude : elles peuvent être qualifiées de palmaires. D’autres ne

  1. Voir mon article: Theophrastea, quelques conjectures sur le texte des Caractères (Revue des études anc. t. XX, 1918, p. 213 sqq.).