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INTRODUCTION

vantes. Vers le ixe siècle existait encore un archétype complet des Caractères. Plus tard, par suite sans doute d’un accident, cet exemplaire se trouva séparé en deux cahiers, dont l’un comprenait les car. I-XV, l’autre les car. XVI-XXX. C’est du premier que sont issus nos mss. A et B, du second notre ms. V (xe ou xie siècle). Quant aux autres mss. des groupes CDE, ils dérivent tous, sans exception, de B (quelquefois corrigé au moyen de A) ou de V : ce sont de simples copies. Et il en est de même de l’abrégé de Munich (epitome monacensis), auquel les éditeurs de Leipzig attribuaient une ancienneté supérieure à celle de AB.

L’argumentation de M. H. Diels m’a paru convaincante. À son exemple, j’ai constitué le texte de la présente édition d’après ABV exclusivement[1]. Qu’il soit, en conséquence, bien entendu que si, néanmoins, on y rencontre exceptionnellement quelque leçon provenant des mss. inférieurs, ce n’est jamais à titre de leçon originale, mais uniquement de correction ou de conjecture heureuse, analogue aux corrections et conjectures modernes. On ne saurait, en effet, proposer tel quel aux lecteurs le texte d’ABV : les fautes grossières y fourmillent. Voici comment, dans ces conditions, j’ai compris ma tâche d’éditeur. En principe, ma critique est résolument conservatrice, j’entends que, partout où les lois de la grammaire, de l’usage, du bon sens sont respectées, je m’interdis les changements arbitraires. En revanche, là où il y a faute sûrement constatée, je ne professe point la religion de l’apocryphe. Je suis même allé plus loin dans les athétèses que H. Diels et surtout que les éditeurs de

  1. À l’exception cependant du car. V, pour lequel j’ai pu utiliser, en outre, le papyrus d’Herculanum 1457, publié, postérieurement à l’édition Diels, par D. Bassi (Herculan. voluminum quae supersunt collectio tertia, Milan, Hoopli, 1914, p. 13 sqq.).