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ESPERANTO.


POÉSIE[1]


En Sonĝo
(d'après Heine.)


En sonĝo princinon mi vidis
Kun vangoj malsekaj de ploro —
Sub arbo, sub verda ni sidis
Tenante nin koro ĉe koro.

« De l’patro de l’via la krono
Por mi ĝi ne estas havinda !
For, for lia sceptro kaj trono —
Vin mem mi deziras, aminda ! »

— « Ne eble ! » ŝi al mi rediras :
« En tombo mi estas tenata,
Mi nur en la nokto eliras
Al vi mia sole amata ! »

TRADUKIS L. ZAMENHOF
En Songe.

En songe, j'ai vu une princesse aux joues mouillées de larmes. — Sous un arbre, un arbre vert, nous étions assis, nous tenant cœur à cœur.

« De votre père je ne souhaite pas pour moi la couronne : Loin de moi son sceptre, loin de moi son trône. — C'est vous que je désire, ô bien aimée ! »

« Impossible ! » me répond-elle ; « dans la tombe je suis retenue, je n'en sors qu'à la nuit, pour vous mon seul aimé ! »


  1. Vers composés en trois pieds (9 syllabes), dont chacun est formé d'une syllabe accentuée entre deux syllabes non accentuées (amphibraque). — Aux vers 7 et 12 on pourrait placer l'accent sur la première syllabe de lia et de mia, au lieu de le mettre sur for et vi (anapeste remplaçant l'amphibraque).