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la jeune fille fut grande et vint en âge de plaire, voilà que le vieillard se meurt d’amour pour elle, et, de son côté, le jeune homme s’en meurt de même. Tous les deux arment leurs légions, le père contre le fils, le fils contre le père, à l’insu l’un de l’autre. Le vieillard a mis en avant son fermier, avec ordre de la demander en mariage, comptant bien, si son homme réussit, se préparer d’agréables veilles hors du logis, en cachette de sa femme. Le fils fait agir son écuyer pour demander aussi mariage, ne doutant pas que, si l’affaire s’arrange, il tiendra ce qu’il aime dans son bercail. La mère a deviné les projets d’amour du vieillard ; elle s’est rangée du parti de son fils. Mais le vieillard s’est douté qu’il avait en son fils un rival, rival dangereux ; il l’a envoyé en pays étranger pour s’en défaire. La mère, qu’on n’abuse pas, protège l’absent, comme si de rien n’était. N’attendez pas qu’il paraisse aujourd’hui dans la comédie ; il ne reviendra pas à la ville. Ce n’était pas l’idée de Plaute ; il a rompu un pont qui se trouvait sur la route du jeune homme. Sans doute il y a ici des personnes qui se disent à l’oreille : « Qu’est-ce que c’est que cela ? par Hercule ! dites-moi donc ; des noces d’esclaves ! on verra des esclaves se marier, où rechercher une fille en mariage ! Ils nous donnent du nouveau, ce qu’on ne voit en aucun pays du monde. » Mais moi, j’affirme que cela se pratique en Grèce, et à Carthage, et ici, dans nos contrées, en Apulie ; et les mariages d’esclaves sont là chose plus sérieuse que les mariages mêmes entre citoyens. Si ce n’est pas vrai, gageons ; mette qui voudra une amphore de vin miellé, et prenons pour juge un Carthaginois, voire