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mor- de poésie chantés dans le dialogue vulgaire, l’intervention des êtres surnaturels au milieu des actions du commun des hommes, l’exagération du ridicule et du plaisant jusqu’à l’extravagance de la bouffonnerie, enfin tout ce qui signale les commencemens de l’art. Mais on doit remarquer aussi, dans cette pièce comme dans les autres du même théâtre, que nous connaissons, un trait distinctif du génie dramatique des Chinois c’est la complaisance et l’amour avec lesquels ils s’appliquent à peindre naïvement l’intérieur, les détails de la vie de famille, l’obéissance de la femme, la faiblesse et la grâce de l’enfance la tendresse et les soins du père et de l’époux. Rien ou très-peu de tout cela dans la comédie ancienne c’était un ordre tout différent de mœurs sociales.


NOTES DES BACCHIS.

Noms des personnages. — Les noms des personnages sont epigrammatiquement imaginés ici, de même que dans les comédies précédentes. Nos deux héroïnes comme plusieurs autres amoureuses du théâtre ancien (voyez l’Heautontimorumenos et l’Hécyre de Térence), sont assimilées, par une sorte d’homonymie, aux compagnes du dieu des orgies, nymphes redoutables, qui donnaient la mort ou troublaient la raison. Quoiqu’elles soient toutes deux natives de Samos, j’appellerai l’une Bacchis l’Athénienne, parce qu’elle demeure à Athènes et l’autre Bacchis l’étrangère parce qu’elle vient seulement d’y arriver. Le nom de Pistoclère signale le trait principal du caractère de ce fidèle compagnon, πιστός, fidèle, κλῆρος, sort, partage. Mnésiloque, auteur ou complice de tant de ruses qui attirent son père dans le piège, fait pressentir, en se nommant, le rôle qu’il doit jouer, μνῆσις, souvenir, λόχος, embûches. Quant à l’esclave qui fournit aux jeunes gens l’or à pleines mains, Donat (Andr. act. I, sc. 3, v. 21) avait remarqué avant nous que ses exploits méritaient qu’il s’appelât Chrysale. Mais le poète se moque bien