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DE LA MARMITE.


et lui promet son secours. « Retirez-vous, mon ami, et ne dites rien ; cet homme est dur et inhumain, comme tous les riches. Tchin-te-fou est le raisonneur de la comédie, et se trouve placé là par l’auteur, comme Mégadore auprès d’Euclion, pour faire la censure de l’avarice par ses actions, encore plus que par ses discours.

Quand l’avare est seul avec son commis, il lui fait écrire sous sa dictée le contrat de vente : invention comique du même genre que le traite du Parasite de Diabole dans l'Asinaria. Mais les Romains n’étaient que des enfans pour la chicane, en comparaison des Chinois si l’on en jugeait par cet exemple. Celui qui s’engage par ce contrat, est Tcheou le bachelier. "Comme il manque d’argent, et n’a aucun moyen d’existence, il désire vendre un tel son propre fils, âgé de tant d’années, à un riche propriétaire, nommé le respectable Kou-jin, qui est honoré du titre de Youen-Waï ?" - Personne n’ignore que vous avez une grande fortune ; il vous suffit du titre de Youen-Waï ; à quoi bon mettre les mots riche propriétaire ? - Tchin-te-fou est-ce-que tu veux me donner des leçons ? est-ce- que je ne suis pas riche propriétaire, par hasard ? est-ce-que je suis un indigent ? oui, oui, riche propriétaire, riche propriétaire. Tu écriras derrière le contrat, qu’une fois le marché passé, si une des parties se rétracte, elle paiera un dédit de mille onces d’argent. – C’est écrit. Mais, au fait, quelle somme lui donnerez–vous pour l’enfant ? – Ne vous mettez pas en peine de cela. Je suis si riche, qu’il ne pourrait jamais dépenser tout l’argent que je ferais pleuvoir sur lui, si je voulais, en faisant seulement craquer mon petit doigt.

Le bachelier signe de confiance, espérant, d’après la somme du dédit supposé, qu’on veut mettre un grand prix à son fils. Tchin-te-fou rapporte le contrat signé à Kon-jin qui lui demande si le bachelier est parti.

-Eh ! comment vous ne lui avez pas payé les frais de nourriture. - Il faut que vous soyez bien dépourvu de sens et d’in– telligence, Tchin-te-fou. Cet homme n’avant point de riz pour nourrir son fils, me l’a vendu tout-à-l’heure, pour qu’il fût nourri dans ma maison, et qu’il mangeât mon riz. Je veux bien ne pas