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La marmite

que de me donner un maître tel que toi.

euclion.

Cette drôlesse marmotte tout bas. Certes, je t’arracherai les yeux pour t’empêcher de m’épier continuellement, scélérate ! Éloigne-toi. Encore. Encore. Encore. Holà ! reste-là. Si tu t’écartes de cette place d’un travers de doigt ou de la largeur de mon ongle, si tu regardes en arrière, avant que je te le permette, je te fais mettre en croix pour t’apprendre à vivre. (À part) Je n’ai jamais vu de plus méchante bête que cette vieille. Je crains bien qu’elle ne me joue quelque mauvais tour au moment où je m’y attendrai le moins. Si elle flairait mon or, et découvrait la cachette ? c’est qu’elle a des yeux jusque derrière la tête, la coquine. Maintenant, je vais voir si mon or est bien comme je l’ai mis. Ah ! qu’il me cause d’inquiétudes et de peines.

(Il sort.)
staphyla, seule.

Par Castor ! je ne peux deviner quel sort on a jeté sur mon maître, ou quel vertige l’a pris. Qu’est-ce qu’il a donc à me chasser dix fois par jour de la maison ? On ne sait, vraiment, quelle fièvre le travaille. Toute la nuit il fait le guet ; tout le jour il reste chez lui sans remuer, comme un cul-de-jatte de cordonnier. Mais moi, que devenir ? comment cacher le déshonneur de ma jeune maîtresse ? Elle approche de son terme. Je n’ai pas d’autre parti à prendre, que de faire de mon corps un grand I, en me mettant une corde au cou.