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libres ; naturellement nous aimons tous la liberté. Le pire, le plus affreux des maux, c’est la servitude. Et le mortel haï de Jupiter commence par être esclave.

LYCONIDE.

Il ne raisonne pas mal.

STROBILE.

Écoute le reste. Dans notre siècle, les maîtres sont trop avares ; de vrais Harpagons, des Harpyies, des Tantales ! Pauvres au sein de l’opulence, mourant de soif au milieu de la mer, il n’y a pas de richesses assez grandes pour eux, ni celles de Crésus, ni celles de Midas. Les trésors de la Perse ne pourraient pas combler le gouffre sans fond de leur cupidité. Les maîtres se comportent mal envers leurs esclaves ; les esclaves le leur rendent bien. Ainsi, des deux parts, on est mécontent les uns des autres. L’office, le cellier, les armoires, sont fermés à triple serrure par de vieux ladres. Ce qu’ils accordent à peine à leurs enfans, des esclaves, adroits et rusés voleurs, le leur dérobent, et se jouent de leurs milliers de clés. Ils pillent, ils avalent, ils dévorent. Et jamais les gibets ne leur sauraient arracher l’aveu de leurs nombreux larcins. C’est ainsi que les drôles se dédommagent de leur servitude en riant et s’amusant. Je conclus donc que la libéralité fait les bons esclaves.

LYCONIDE.

Tu as raison ; mais tu n’épargnes pas les paroles,