Page:Textes choisis (Leonardo da Vinci, transl. Péladan, 1907).djvu/91

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la majeure part de ce qui compose le tout ?

L’impatience, mère de la sottise, admire la brièveté, comme si ceux-là n’avaient pas assez de la vie pour arriver à une entière connaissance d’un seul objet, comme le corps humain ; et ensuite on veut embrasser l’intelligence divine dans laquelle s’inclut l’univers, la pesant et la diminuant en infinies parties comme si on voulait l’anatomiser. (R. 1210.)

134. — O sottise humaine ! Ne t’avises-tu pas que tu as vécu avec toi-même, toute ta vie, et tu n’as pas encore connaissance de ce que tu possèdes, en surcroît, savoir ta folie ? Et vous, ensuite, avec la foule des sophistes, vous vous trompez et vous trompez les autres, méprisant les sciences mathématiques qui contiennent la vérité, pour les choses qui sont de leur domaine ; Et vous ensuite vous glissez au miracle, et vous écrivez sur leur connaissance dont l’esprit humain n’est pas capable et qui ne se peut démontrer par aucun exemple naturel. Et il te paraît avoir fait miracle quand tu as falsifié l’œuvre d’un esprit spéculatif. Tu ne vois pas que tu tombes dans l’erreur de celui qui dénude la plante de l’ornement de ses branches pleines de feuilles, avec ses fleurs odoriférantes et ses fruits.

Ainsi fit Justin, abréviateur des histoires écrites par Trogue Pompée, qui relate avec art tous les excellents faits des anciens qui étaient pleins d’admirables détails ; il composa une