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que actuels ; et beaucoup d’autres circonstances toutes voisines paraissent lointaines, ayant pour antiquité le temps de notre jeunesse.

Ainsi fait l’œil en face de la distance, qui illuminée par le soleil paraît proche, tandis que d’autres espaces plus voisins mais ombrés paraissent éloignés. (C. A. 76, r.)

73. — Voici une chose qu’on repousse d’autant plus qu’on en a besoin : le conseil ; mal volontiers l’écoute à qui il servirait fort bien : savoir l’ignorant.

Voici une autre chose qui vous poursuit d’autant plus qu’on la craint et qu’on la fuit : la misère, qui dans la mesure où tu veux l’éviter, t’accablera, sans te laisser de repos. (C. A. 90, r.)

74. — Quand l’œuvre satisfait le jugement, quel triste signe pour ce jugement et quand l’œuvre l’emporte sur le jugement cela est pire, comme il arrive à ceux qui s’émerveillent d’avoir si bien œuvré. Quand le jugement surpasse l’œuvre, voilà le signe parfait ; si un jeune se trouve en cette disposition, sans doute il deviendra excellent artiste ; ses œuvres seront peu nombreuses, mais pleines de qualités qui arrêteront les hommes admiratifs pour contempler ces perfections. (C. A. 90, r.)

75. — L’esprit retrouve le cerveau qu’il avait quitté et qui, à haute voix, lui tient ce langage :

— O heureux, ô aventureux esprit, où es-tu allé ? Je suis cet homme bien connu de toi.