Page:Textes choisis (Leonardo da Vinci, transl. Péladan, 1907).djvu/66

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jouir des biens qu’il a acquis, au prix de grands efforts. (R. 1187.)

42. — L’âme paraît résider dans la partie judiciaire et la partie judiciaire paraît être dans le lieu où concourent tous les sens. On l’a appelé sens commun, et cela ne doit pas s’entendre de tout le corps, comme beaucoup l’ont cru, mais seulement du cerveau. Car si elle était partout et toute en chaque partie, il ne serait pas nécessaire que les instruments des sens concourussent au même lieu ; il suffirait que l’œil seul opérât l’office du sentiment sur sa superficie, sans mander, par la voie des nerfs optiques, la similitude des choses vues au sens judiciaire ; l’âme, pour la raison susdite, le pourrait comprendre dans la superficie de l’œil.

Pareillement, au sens de l’ouïe suffit la voix résonnante dans la concavité parente de l’os pierreux qui se trouve dans l’oreille, et sans faire aucun transit au sens commun où la voix s’abouche et s’adresse à lui.

Le sens de l’odorat encore se voit, par la nécessité, contraint à concourir avec le jugement ; le tact passe par les nerfs et transmet ; et ces nerfs se répandent en d’infimes ramifications sous la peau qui recouvre les membranes du corps et les viscères.

Les nerfs portent le commandement et le sentiment aux muscles, et ensemble nerfs et muscles commandent à ces derniers le mouve-