Page:Textes choisis (Leonardo da Vinci, transl. Péladan, 1907).djvu/59

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temps le bras gauche ou vice versa. (C. A. 292, r.)

28. — L’homme est appelé par les anciens un monde mineur, appellation juste, car il est composé de terre, d’eau, d’air et de feu, comme le corps terrestre, et il lui ressemble. Si l’homme a ses os pour servir d’armature et soutenir la chair, le monde a ses rochers qui soutiennent sa terre ; si l’homme a en lui un lac de sang où croit et décroît le poumon pour sa respiration, le corps de la terre a sa mer océane qui croit et décroît toutes les six heures pour sa respiration ; si de ce lac de sang dérivent les veines qui vont se ramifiant par tout l’organisme, ainsi la mer océane emplit le corps terrestre d’innombrables veines d’eau : mais il manque à notre globe les nerfs qui ne lui ont pas été donnés ; car ils sont destinés au mouvement. Or, le monde en sa perpétuelle stabilité ne se meut pas, et là où il n’y a pas de mouvement les nerfs sont inutiles. Mais pour tout le reste, l’homme et le monde sont semblables. (C. A. 80, r.)

29. — Si la nature avait fixé une seule règle pour la qualité des membres, le visage de tous les hommes serait semblable, et on ne pourrait les distinguer l’un de l’autre : mais elle a tellement varié les cinq parties du visage que bien qu’elle ait établi une règle générale pour la proportion, elle n’en a suivi aucune pour la qualité, de telle façon qu’on peut aisément reconnaître chacun. (C. A. 70, r.)