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les hautes montagnes, bien loin des mers d’alors. (R. 955.)

23. — Beaucoup tiennent boutique, trompant la sotte multitude, et si quelqu’un dévoile leur imposture, on le punit. (E. 5, v.)

Pharisiens veut dire saints frères. (T. 68.)

24. — Les prophéties des cérémonies[1].

Une infinie multitude vendra, publiquement et sans être inquiétée, les choses du plus grand prix, sans la permission du maître d’icelles et qui ne furent jamais en leur pouvoir ; et à cela, la justice humaine ne pourra rien. (C. A. 362, v.)

Une monnaie invisible fera triompher ceux qui n’en dépensent pas d’autre. (Id.)

Un assez grand nombre de gens laisseront le travail, l’effort, la pauvreté de vie et de vêtement et iront habiter, dans les richesses, de

  1. Ces traits anticléricaux font partie des facéties. Il a paru caractéristique de les rapprocher des affirmations religieuses qui précèdent. La raillerie ou l’invective contre le clergé se retrouve dans la bouche et sous la plume des plus croyants, et surtout des mystiques. On comprend que le clergé ait tenté de s’identifier à la religion et d’imposer le respect de sa personne, mais un Savonarole, une sainte Catherine de Sienne dépassent en violence tout ce que les ennemis de l’Église ont proféré. Il ne faut pas oublier que Léonard, ingénieur militaire de César Borgia, a vécu sous le pontificat d’Alexandre VI ; et quand il dit : « les bons frères sont des Pharisiens », on doit se souvenir que saint François est mort depuis le samedi 3 octobre 1226, au crépuscule, et que le Verbe franciscain a été vaincu depuis deux siècles par l’action dominicaine. V. La Doctrine de Dante (Sansot).