Page:Textes choisis (Leonardo da Vinci, transl. Péladan, 1907).djvu/54

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pas, faites-lui honneur, afin qu’il n’ait pas à vous fuir et à se réfugier chez les ermites, dans les cavernes et autres lieux solitaires, pour échapper à vos embûches ; et si vous rencontrez quelqu’un de ceux-là, faites-lui honneur, parce que ce sont vos dieux terrestres et ils méritent les statues et les simulacres.

Mais qu’il vous souvienne que leurs simulacres ne doivent pas être mangés, comme encore, en certaine région de l’Inde, où, quand un simulacre opère un miracle, selon eux, les prêtres le taillent en morceaux (il est de bois) et en donnent à tous les habitants, non sans récompense. Chacun râpe son morceau finement et en saupoudre la première viande qu’il mange ; et ils sont persuadés d’avoir ainsi mangé leur saint et croient qu’il les gardera de tout péril.

Que te paraît-il homme de ton espèce, si tu te tiens avec sagesse ?

Sont-ce là des choses que doivent faire les hommes ? (R. 1358.)

20. — Dans le nombre des sots, il y a une certaine secte d’hypocrites, qui s’appliquent sans cesse à se tromper et à tromper autrui, mais plus autrui encore qu’eux-mêmes, quoique en réalité ils se trompent plus profondément qu’ils ne trompent les autres. Ceux-là réprimandent les peintres d’étudier, aux jours de fête, les choses appartenant à la connaissance de toutes les figures que prennent les œuvres