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ser jouir de mon désir de naître, je te rendrai cent pour un. Et ainsi fut fait. (C. A. 67, v.)

LÉGENDE DU VIN ET DE MAHOMET.

574. — Se trouvant dans une riche tasse d’or sur la table de Mahomet, le vin, la divine liqueur du raisin, se monte en gloire de tant d’honneur et agité d’une pensée contraire se dit à lui-même : — Que fais-je ? De quoi est-ce que je m’enorgueillis. Ne suis-je pas sur le point de mourir et de laisser l’habitation dorée de la tasse pour entrer dans la grossière et fétide caverne du corps humain, et de changer ma suave et odorante liqueur en une sale et triste urine ? Et tant de mal ne suffit pas, encore faut-il longtemps séjourner dans les sales réduits avec l’autre matière fétide et corrompue sortie du ventre humain. Il cria au ciel, demandant vengeance d’un tel dam et comment il y aura une fin à cette déchéance, alors que les pays produisant les plus beaux et les meilleurs raisins de l’autre monde n’en sont pas moins réduits en vin. Alors Jupiter fait que le vin bu par Mahomet excite son âme à l’inverse de sa raison, le rend fou et lui inspire de telles erreurs, qu’il fait une loi pour défendre aux Asiatiques de boire du vin. Depuis, on laisse les vignes avec leurs fruits (C. A. 76, r.)

En marge.

575. — Le vin, arrivé dans l’estomac, com-