Page:Textes choisis (Leonardo da Vinci, transl. Péladan, 1907).djvu/297

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Des variées colorations de la mer.

520. — L’ondoyante mer n’a pas partout la même couleur : pour qui la voit de la terre ferme, elle est de couleur obscure et d’autant plus obscure qu’elle est plus voisine de l’horizon et vous voyez certaines clartés ou luisances qui se meuvent lentement à la manière de petites brebis blanches dans les troupeaux ; celui qui regarde se trouvant en haute mer, la voit azurée ! Cela vient, pour l’obscurité de la mer vue de la terre, de ce que tu vois l’eau qui réfléchit l’obscurité de la terre ; et pour l’effet azuré qu’on voit en haute mer, tu vois dans l’eau l’azur du ciel qu’elle reflète. (LU. 327.)

L’île de Chypre.

521. Aux bords méridionaux de la Cilicie se voit, au midi, la belle île de Chypre qui fut le royaume de la déesse Vénus. Beaucoup attirés par sa beauté eurent leurs navire et haubans brisés parmi les rochers environnés de l’eau vertigineuse. La beauté de la douce colline invite les navires vagabonds à se récréer parmi ses verdures fleuries, car des vents trompeurs emplissent l’île et la mer qui la baigne de suave arômes.

Oh ! que de navires ont été déjà submergés ! Oh ! que de nefs brisées sur ces rochers ! Là, on pourrait voir d’innombrables vaisseaux qui gisent désemparés et à moitié couverts par le