Page:Textes choisis (Leonardo da Vinci, transl. Péladan, 1907).djvu/294

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le vent souffle sur la surface de la mer et de la terre, et remue et emporte avec lui tout ce qui ne résiste pas à l’universelle marée.

Et pour bien figurer cette tempête, tu feras d’abord des nuages en désordre et rompus, poussés par le cours du vent, accompagné d’une poussière terreuse sortie du lit marin et des rameaux et des feuilles arrachés par la fureur du vent, épars dans l’air avec beaucoup d’autres objets légers.

Les arbres et les herbes pliés jusqu’à terre comme pour montrer qu’ils veulent suivre le cours du vent avec des branches emportées loin de leur lieu naturel et des feuilles éparpillées.

Les hommes qui se trouvent là, les uns tombés et comme retournés dans leurs habits et dans la poussière, presque méconnaissables et ceux restés debout embrassant quelque arbre pour n’être pas emportés par le vent ; d’autres les mains sur les yeux à cause de la poussière, courbés vers la terre, les habits et la coiffure droits au sens du vent.

La mer troublée et soulevée sera pleine de lames et écumante en ses ondes soulevées, et le vent se lève dans l’air combattu par l’écume plus légère et à la façon des nuages qui s’embrouillent.

Les navires qui sont là, les uns avec la voile rompue et dont les lambeaux claquent au vent avec leurs cordages brisés ; quelques arbres cas-