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pourra voir un blessé tombé à terre et se couvrant de son bouclier et l’ennemi se courbant pour l’achever.

On pourrait encore représenter un tas de cadavres sur un cheval mort.

On verrait quelques-uns des vainqueurs quitter le combat et sortir de la mêlée, et des deux mains s’essuyant les yeux et les joues couvertes de fange, faites des larmes de l’œil irrité par la poussière. On verrait l’escadron de réserve se tenir plein d’espoir et attentif, avec les sourcils joints et faisant ombre avec la main et regarder parmi la fourmillante confusion de l’action, attentif au commandement du capitaine ; et celui-ci le bâton levé et courant vers la réserve pour lui montrer à quel endroit il faut appuyer ; et une rivière encore où des chevaux s’élancent remplissant l’eau autour d’eux d’une agitation jaillissante et écumante, éclaboussant l’air et les jambes et le corps des chevaux : et ne laisser aucun endroit vide, si ce n’est les piétinements sanguinolents[1]. (ASH. I. 30, v.)

COMME SE DOIT REPRÉSENTER UNE TEMPÊTE

517. — Si tu veux bien représenter une tempête, considère et pose d’abord ses effets : quand

  1. Les fragments que nous possédons de la bataille d’Anghiari réalisent des parties de cette description, entre autres l’épisode de l’étendard gravé par Edelinck, d’après un dessin de Rubens.