Page:Textes choisis (Leonardo da Vinci, transl. Péladan, 1907).djvu/292

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maître, et derrière lui, il laissera, dans la poussière et la fange, la trace du corps traîné ; tu feras les vaincus abattus et pâles avec les sourcis haut en leur conjonction et la chair qui leur reste sera criblée de douloureuses rides. Les trous des naseaux se fronceront en arc des narines jusqu’à la naissance de l’œil, les narines hautes, à raison de leurs plis ; les lèvres arquées découvriront les dents de dessus. Les dents très visibles, en manière de crier avec désespoir. L’une des mains fait bouclier aux yeux effrayés, tournant droit vers l’ennemi, l’autre s’appuie à terre pour soutenir le buste soulevé. Tu feras les autres criant avec la bouche tordue et fuyant ; beaucoup d’armes diverses au pied des combattants comme boucliers brisés, lances, tronçons d’épées et autres semblables ; tu feras des hommes morts, les uns à moitié recouverts par la poussière, d’autres dont le sang coule et se mêle à la terre et forme une boue rouge ; et on verra le sang courir, par un cours tortueux, du corps à la terre ; d’autres mourants grinceront des dents, et, les yeux révulsés, serreront poings à quelqu’un et les jambes écartées.

On pourra voir quelques-uns désarmés et abattus par l’ennemi se retourner contre lui et le mordre et le griffer, en une cruelle et âpre vengeance ; et aussi un cheval courir sans cavalier les crins au vent dans les rangs ennemis et à coups de sabots faire grand dommage ; en