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MANIÈRE DE REPRÉSENTER UNE BATAILLE

516. — Tu feras d’abord la fumée de l’artillerie mêlée à l’air avec la poussière soulevée par l’action des cavaliers et des combattants. Tu useras aussi de ce mélange : la poussière, qui est chose terrestre et pondérable, quoique par sa légèreté elle s’élève facilement et se mêle à l’air, ne retombe pas volontiers en bas et sa plus haute élévation se fait par sa partie la plus légère, celle qui se voit le moins et se confond presque avec la coloration de l’air ; la fumée qui se mêle à l’air se charge de poussière, d’autant plus qu’elle monte à une certaine hauteur, elle paraît un nuage obscur ; la fumée arrive en haut plus vite que la poussière.

La fumée prendra une couleur un peu azurée et la poussière celle même de la terre ; du côté d’où vient la lumière ce mélange d’air, de fumée et de poussière, paraîtra plus clair que du côté opposé ; les combattants se verront d’autant moins et on verra moins de différence entre leurs lumières et les ombres, d’autant qu’ils seront plus enveloppés dans cet air troublé.

Tu feras rougeoyer les nuages et les personnages et l’air et les fusiliers ensemble avec ce qui les avoisine, et cette rougeur diminue en s’éloignant de sa cause ; les figures qui sont entre toi et