Page:Textes choisis (Leonardo da Vinci, transl. Péladan, 1907).djvu/284

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Oh ! quels désespoirs et combien d’affolés se précipitent du haut des rochers ! On voit les rameaux d’un grand chêne chargé d’hommes transporté dans l’air par l’impétuosité du vent.

Autant qu’elles sont, les barques sont renversées les unes entièrement, les autres en morceaux sur les gens qui se débattent, pour leur salut, avec des attitudes et des mouvements douloureux, sentant la mort menaçante. D’autres en désespérés se suicident, désespérant de pouvoir supporter pareille angoisse ; les uns se jettent du rocher, les autres s’étranglent de leurs propres mains, d’autres prenant leurs enfants très rapidement les jettent au remblai, d’autres se frappent de leurs armes et se tuent eux-mêmes, mêmes, d’autres tombent à genoux se recommandant à Dieu.

Oh, combien de mères pleurent leurs fils noyés qu’elles tiennent sur leurs genoux, levant leurs bras ouverts vers le ciel et d’une voix qui hurle maudissent la colère divine. D’autres, mains jointes et crispées, se mordent d’une dent cruelle comme s’ils se dévoraient, priant avec supplication, écrasés par une immense et insupportable douleur.

On voit les troupeaux d’animaux, chevaux, bœufs, chèvres déjà entourés d’eau et restés isolés sur la haute cime des monts ; ils reculent ensemble et ceux du milieu s’élèvent en haut