Page:Textes choisis (Leonardo da Vinci, transl. Péladan, 1907).djvu/183

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d’air à laquelle il s’est uni, et pour cela l’air, par lui-même, le portera en haut ; il ne se maintiendra pas dans l’air plus lourd que lui. En outre, la vertu spirituelle éparse se dispersera et perdra sa nature et ainsi s’éteindra.

Ajoutons un troisième inconvénient : ce corps aérien pris par l’esprit est soumis à la pénétration des vents qui sans cesse désunissent et séparent les parties unies de l’air, tournent et tournoient dans l’autre air. Donc, l’esprit infus dans de l’air serait démembré et vraiment déchiré et rompu par le démembrement de l’air dans lequel il est infus. (R. 1214.)

349. — Il est impossible que l’esprit infusé dans une quantité d’air puisse mouvoir cet air et cela est manifeste : l’esprit rend légère la quantité d’air dans laquelle il s’infuse. Donc, cet air se lèvera en hauteur, au-dessus de l’autre air, et ce sera par la propre légèreté de l’air, et non selon la volonté de l’esprit ; et si cet air subit l’action du vent ? (R. 1215.)

350. — Voulant montrer si l’esprit peut parler ou non, il est nécessaire de définir ce qu’est la voix : la voix est un mouvement de l’air frotté dans un corps dense ; et un corps dense frotté par l’air (ce qui est la même chose), ce frottement du dense avec l’air le condense, le raréfie, et forme résistance ; et encore par la rapidité du raréfié dans le raréfié lent se condensent