Page:Textes choisis (Leonardo da Vinci, transl. Péladan, 1907).djvu/131

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de lumière propre, l’ombre que fait la terre s’interposant entre elles et le soleil, on les verrait s’obscurcir, nous ne les verrions plus, et elles ne seraient pas perçues du corps terrestre. Ils n’ont pas considéré que l’ombre pyramidale de la lune ne parvient pas en excès aux étoiles qu’elle atteint ; la pyramide diminue, selon l’espace qu’occupe le corps de l’étoile, et elle reste illuminée par le soleil.

253. — Si tu regardes les étoiles en évitant le scintillement (comme tu feras en regardant par un très petit trou, fait avec l’extrême pointe d’une fine aiguille et que ce trou soit placé presque à toucher l’œil), tu verras les étoiles si petites que rien ne saurait paraître aussi petit : et vraiment la longue distance affaiblit leur rayonnement, encore que beaucoup soient infiniment plus grandes que la terre et l’eau. Songe à ce que paraîtrait être notre monde, à une semblable distance. Considère ensuite combien d’étoiles pourraient s’intercaler en longueur et en largeur, entre celles que tu vois, si clairsemées dans l’espace nocturne.

Je ne peux m’empêcher de blâmer vivement ces anciens auteurs qui disaient que le soleil n’est pas plus grand qu’il ne parait.

Parmi ceux-là fut Épicure ; il tirait cette opinion d’un luminaire placé dans notre air et équidistant au centre : qui le voit, ne le voit jamais moins grand à aucune distance. (R. 860.)