Page:Textes choisis (Leonardo da Vinci, transl. Péladan, 1907).djvu/103

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vue, par rapides opérations, découvre en un point une infinité de formes, néanmoins elle ne comprend qu’une chose par fois. Posons le cas : toi, lecteur, tu verras, en un coup d’œil, toute cette page écrite et jugeras aussitôt qu’elle est pleine de lettres variées, mais tu ne connaîtras pas du même coup quelles sont ces lettres, ni ce qu’elles veulent dire. Il te faudra aller d’un mot à l’autre, et, vers par vers, si tu veux avoir connaissance de ces lettres, comme pour mon- ter au sommet d’un édifice il te faudra monter marche après marche, sinon tu ne parviendrais pas à son sommet.

Je te dis donc : celui que la nature tourne vers cet art, s’il veut avoir une vraie connais- sance de la forme des choses, commencera par leurs particularités, et n’ira pas à la seconde avant d’avoir la première dans la mémoire et dans la pratique : et faisant autrement il per- drait son temps et allongerait beaucoup ses études. Rappelle-toi qu’il faut d’abord la dili- gence avant la prestesse. (ASH. I. 28, r.)

163. — Il n’y a pas dans a nature d’effet sans cause : saisis la cause et i ; t’inquiète pas de l’expérience. (C. A. 147, v.)

164. — Avant de faire aucune expérience, et que je passe plus outre, mon intention est d’al- léguer d’abord l’expérience et ensuite de dé- montrer avec le raisonnement pourquoi cette expérience est enfermée dans tel mode d’opé-