alors même qu’il les renouvelle. Cette lettre est reconnaissable par l’empreinte de l’écriture de la Reine, dont les caractères ne sont nulle part tracés d’une main plus ferme et plus sûre, comme pour montrer le calme de son âme en cet affreux moment. Elle n’est pas signée ; mais l’authenticité en est garantie par un témoignage qui inspire l’horreur… Le Testament de la victime est signé par ses bourreaux. »
« Ce Testament respire la tendresse d’une mère, d’une sœur et d’une amie, la dignité d’une reine, la fermeté d’un sage : il est digne d’être entendu à côté de ce testament auguste et saint qui mérita d’être lu dans la chaire de vérité, après la parole de Dieu. »
M. le comte de Caze donne ici lecture de la lettre de la Reine de France, Marie-Antoinette, à sa sœur madame Élisabeth.
Après cette lecture, le Ministre est long-temps sans pouvoir poursuivre ; l’émotion de l’assemblée et la sienne ne le lui permettent pas ; des pleurs sont dans tous les yeux : ce n’est qu’après un long silence que le Ministre peut reprendre la parole.
« Messieurs, dit M. le comte de Caze, le Roi, en nous chargeant de cette auguste communication, a bien voulu nous autoriser à vous dire, qu’en faisant tomber son choix sur nous, c’était autant le député que le ministre qu’il avait voulu honorer. S. M. a désiré aussi que vous vissiez dans cette communication une preuve du besoin qu’elle éprouve de confondre tous ses sentimens dans ceux de son peuple, et de vous faire partager les consolations qu’elle reçoit comme elle partage nos espérances et nos maux.
« Je dépose sur le bureau une copie certifiée du testament de la Reine Marie-Antoinette : S. M. m’a chargé de vous annoncer qu’elle avait ordonné qu’il en fût fait un fac simile dont une expédition sera délivrée à chacun des membres de la chambre. »
À ces mots l’assemblée entière se lève aux cris de Vive le Roi !