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opérées sans l’autorisation des écrivains étrangers, ce qui a donné lieu à des procès au sujet des droits d’auteur. Bien que je n’aie pas de statistiques précises, je peux avancer que notre zèle ne craint pas un zèle rival dans cet ordre de l’activité intellectuelle. »

Le théâtre, comme la littérature, a forcément aidé à la diffusion des idées nouvelles et a beaucoup emprunté à l’Occident. Un groupe de novateurs, pour réagir contre l’inspiration et la forme des vieux drames, a fondé — en opposition au Kabouki — une association qui, depuis 1924, donne des pièces modernes et ultra-modernes : ce sont les membres du Petit Théâtre Tsukiji et leurs émules. Ils repoussent toute scène conventionnelle, tout ce qui ne se rapporte pas à l’âge présent, tout ce qui n’est pas une interprétation fidèle à la vie. Ils ont fort à faire, car le Kabouki, ou théâtre populaire, conserve une immense quantité de fidèles. D’ailleurs, plusieurs écoles se disputent au sein même du Kabouki, — écoles d’auteurs et d’acteurs — qui prétendent, chacune à sa manière, renouveler le genre.

Sans entrer dans ces querelles, assez assimilables à celles des Anciens et de Modernes, disons que le Tsukiji a offert, cette année, aux Japonais épris de modernisme — outre une interprétation du Marchand de Venise — le Jeu de l’Amour et de la Mort, de Romain Rolland, la Mort de Tintagile, de Maeterlinck, et aussi Les Aveugles, la Jeanne d’Arc de Bernard Shaw ; enfin, une pièce japonaise, Enno Gyoja, écrite par l’un des premiers animateurs du théâtre nouveau, le pro-