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bancs des accusés trente-huit étudiants de l’Université de Kyoto, fondateurs d’un club révolutionnaire et propagandistes d’une doctrine contraire à la sûreté de l’État. Parmi eux se trouvait le jeune baron Eiichi Ishida, qui fut inculpé de crime de lèse-majesté.

Comment n’y aurait-il pas de semblables entraînements quand on connaît la fièvre de lecture qui s’empare des étudiants et la fougue qu’ils apportent dans leurs recherches dès qu’il leur est permis de se lancer dans le vaste champ des connaissances humaines ? M. Hiroshi Kikuchi nous a donné, à cet égard, un aperçu instructif dans le Chuokoron (La Revue Centrale) sur le mouvement intellectuel de son pays et sur les influences étrangères au Japon.

« Le Japon, nous dit-il, depuis l’Ère de Taisho, a positivement dévoré les œuvres de l’esprit qui ont été importées chez lui. C’est un grand creuset littéraire, de même que les États-Unis sont un vaste laboratoire où fusionnent les races. C’est peut-être la seule nation au monde qui ait réussi à digérer à la fois la littérature russe, les littératures scandinaves et anglo-saxonnes, la littérature française. Il n’existe pas d’endroit sur la terre où des hordes (sic) de jeunes gens sont pareillement épris de littérature. D’après Gordon Craig, le Japon arrive le second, sur huit grandes nations, pour les traductions et les adaptations de livres étrangers. Je serais surpris qu’il n’occupât pas la première ou la deuxième place pour la rapidité avec laquelle il traduit les œuvres nouvelles. Ces traductions ont même souvent été