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empreinte de pragmatisme et de radicalisme, au sens français du mot. Elle est sportive, mais elle n’aime pas le militarisme. Elle a le sentiment de la coopération, et elle affirme des goûts sociaux, mais elle ne se soumet qu’avec peine à la discipline de la caserne. Lorsqu’a été établi, en 1925, le projet d’entraînement militaire obligatoire pour les jeunes gens des écoles secondaires et des universités, destinés à devenir des officiers de réserve, il s’est élevé dans leurs rangs de nombreuses protestations. L’application de ce régime, malgré le bénéfice d’une réduction du temps sous les drapeaux, a suscité maintes difficultés. Les autorités du pays se montrèrent fort embarrassées, à un moment donné, en raison de l’opposition d’une notable partie de la jeunesse à ces lois militaires. À l’université de Waseda, les étudiants conspuèrent les professeurs qui s’évertuaient à leur expliquer, au cours d’une conférence, le mécanisme et les avantages du système. Ils déclarèrent, à leur tour, que l’on voulait caporaliser le Japon, et qu’ils s’y refusaient.

Ces incidents et bien d’autres démontrent que la jeunesse universitaire entend tout discuter, et que, dès l’instant qu’on lui fait une proposition, elle la passe au crible de son esprit critique, ou laisse aisément parler ses passions sur le thème offert à son imagination. Il lui arrive encore de déclencher des grèves et même d’aller aux projets extrêmistes. Des jeunes gens de bonne famille ne se sont-ils pas enrôlés sous la bannière de Moscou ? Un procès récent, qui a fait beaucoup de bruit a amené sur les