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diants japonais ont un goût très vif de tout ce qui est étranger. Ils sont extraordinairement attirés par les doctrines exotiques et par toutes les modes du dehors. Ils se grisent avec facilité de tous les alcools intellectuels. Il faut bien que jeunesse se passe ! Dès qu’ils goûtent à la liberté, ils rêvent de toutes les émancipations, et, parfois, ils ne choisissent pas très sûrement leurs modèles. En d’autres occasions, ils digèrent mal ce qu’ils ont appris pêle-mêle, et ils aboutissent à de criantes contradictions. Mais ce bel enthousiasme est-il spécial aux Japonais ? Ce qui fait paraître le leur plus violent et plus pittoresque, c’est qu’il est le symbole des enchevêtrements d’une double civilisation.

L’époque actuelle est une époque de pleine transformation. Comment ces jeunes gens ne donneraient-ils point des inquiétudes à leurs maîtres ? Certains d’entre eux vont souvent d’un seul élan aux idées les plus avancées. Ils prennent fait et cause pour les théoriciens qui leur versent des rêves utopiques.

Il semble, néanmoins, que l’élite de la jeunesse japonaise, prise dans son ensemble, soit tantôt plus idéaliste, tantôt plus réaliste que les générations précédentes. Elle n’a pas le même respect de l’ordre établi, elle est plus jalouse de son indépendance, elle pousse plus loin ses espoirs, mais elle s’arme mieux pour les luttes de la vie, car elle traverse une période de l’histoire où s’impose plus que jamais, aussi, la nécessité de profiter de toutes les inventions morales et matérielles pour réussir. Elle est