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des modes, des arts, de la philosophie, des coutumes des autres peuples, comment les femmes japonaises n’auraient-elles pas été entraînées à réfléchir sur leur condition, à souhaiter des modifications de toutes sortes dans leur statut, à s’éprendre de mille nouveautés ?

Ces changements ne se sont pas opérés sans luttes, sans exagérations, sans crises morales. Cependant, à tout prendre, ont-ils eu de mauvais effets ? Ne nous montrons pas pessimistes. Les Japonaises demeurent parmi les femmes les plus exquises du monde, et leurs ancestrales vertus ne sont pas toutes annihilées par l’occidentalisme. La liberté est un bien indiscutable. Il importe d’en user avec prudence et, malgré quelques fausses notes, les femmes de l’Empire du Soleil Levant s’en sont servi jusqu’ici adroitement. Elles ont modifié à leur avantage beaucoup de règles matrimoniales vraiment trop sévères — et aussi la législation du divorce — elles ont donné plus d’initiative aux jeunes filles ; elles ont assuré un peu plus de protection aux travailleuses de toutes catégories ; elles ont obtenu une réforme importante du régime de la prostitution. Comment les en blâmer ? Le mot civilisation est un mot mouvant que l’on ne saurait appliquer à une période absolument déterminée de l’ère contemporaine. Depuis la Restauration, les Japonaises l’ont interprété à leur convenance. Les femmes d’aujourd’hui ne sont point inférieures à celles de l’Ère de Meiji, parce qu’elles s’adaptent aux circonstances et parce qu’elles tâchent de vivre plus pleinement en s’empa-