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n’était-il point ridicule d’attribuer à la danse nouvelle un tel pouvoir de corruption et des effets aussi fâcheux pour la mentalité de toute la nation ? Et l’un des critiques de l’esprit réactionnaire écrivait ces lignes dans le Japan Advertiser du 10 mai 1926 : « Comme cette attitude hostile, est loin de la vénération — le mot n’est pas trop fort — dans laquelle on tenait la danse occidentale, voici seulement quelques décades ! À cette époque, les fonctionnaires du gouvernement, les pairs, les éducateurs du pays, grâce à la valse, au two-step et à la mazurka, s’évertuaient à démontrer au monde occidental que le Japon était bien une nation « civilisée » et qu’il n’y avait plus lieu de maintenir des traités unilatéraux puisque les Japonais savaient danser… Le Club des pairs fut même construit, en grande part, pour ce motif qu’on disposerait là d’un endroit où les Nippons et les étrangers auraient l’occasion de se rencontrer à la salle de danse et où les hôtes de l’extérieur auraient la faculté de se convaincre de leurs propres yeux des « progrès du Japon. »

Après ces remarques caustiques, l’auteur de ces lignes concluait qu’il est plus sage de vivre avec son temps et de ne point prendre au tragique des excès inévitables, une fois que l’on s’est lancé dans la voie des innovations. Il est évident qu’il est impossible d’arrêter net l’évolution d’une société après avoir permis aux influences étrangères d’y pénétrer. Dès l’instant que le Japon admettait l’introduction des idées, des livres, des vêtements, des parures, des parfums,