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de commodité les ont poussées à cette transformation. Elles aiment beaucoup plus que naguère s’habiller à l’européenne. Elles ont adopté de nouvelles modes de coiffures, même la mode à la garçonne… Elles ont changé leur démarche et le rythme même de leurs gestes. L’enseignement athlétique y est pour beaucoup. On imagine difficilement à quel point le goût des sports s’est répandu dans la jeunesse.

Les magazines qui s’occupent de la femme — ce sont les plus prospères, les plus copieux, parfois les mieux rédigés — prêchent constamment en faveur de l’énergie corporelle et du développement de la personnalité féminine. Une double campagne pour le moral et pour le physique est menée par d’acharnées propagandistes, si bien que les jeunes filles qui se marient n’ont plus au même degré cette réserve condescendante à l’égard de l’homme, réserve qui faisait le charme de leurs grand’mères… Fait très remarquable dans la société japonaise, des milliers de femmes, au lieu de se créer un foyer, vivent seules. Elles louent, avec une ou plusieurs camarades, une chambre ou un petit appartement. Ainsi agissent les femmes du prolétariat ou les ouvrières des grands magasins qui subsistent grâce à leur travail, et qui préfèrent éviter la domination masculine. Quant à celles des classes aisées et riches, il est plus rare qu’elles prennent ce genre d’existence, mais, alors, elles imposent certaines conditions à leur futur époux et elles leur annoncent qu’à l’instar de leurs sœurs d’Occident et d’Amérique, elles sortiront