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qui faisaient de la femme nipponne la femme d’intérieur par excellence : Oku Sama, Madame l’Intérieur. Tel était le titre de toute femme mariée. Beaucoup, paraît-il, ne méritent plus cette appellation. La vie moderne et l’actuel industrialisme ont d’autres exigences. Dans les grandes cités de l’Empire mikadonal, on aperçoit des conductrices de tramways (la compagnie électrique de Tokio en a engagé 300 qui portent l’uniforme réglementaire), des femmes chauffeurs de taxis (on en compte une vingtaine dans la capitale), et même quelques aviatrices, telle Mlle Shigeno Kibe, qui s’est déjà fait remarquer par ses prouesses aériennes.

Les sténographes et les dactylographes, les secrétaires, les employées de bureau, les demoiselles de magasin ont envahi une foule de postes. Infirmières, institutrices, téléphonistes au serpice du gouvernement ou des entreprises privées se sont multipliées. Des milliers et des milliers de femmes travaillent ainsi après avoir forcé l’entrée des nouvelles carrières.

Dans les usines, un million d’ouvrières gagnent leur existence principalement dans les filatures et les tissages. Il y aurait beaucoup à dire sur la manière dont elles sont encore traitées en quelques endroits. Une surveillance très sévère s’impose si l’on veut éviter des scandales comme ceux qui se sont produits au printemps de 1927 à Okaya, siège de manufactures de soie réputées. La tyrannie exercée sur les travailleuses non seulement par les patrons,