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Quant au théâtre populaire japonais, qui l’a fondé, sinon la célèbre religieuse O Kouni ?

Par conséquent, il serait injuste de s’en tenir à une opinion simpliste et d’ignorer à quel point les Japonaises ont contribué à la civilisation de leur pays. Si elles ont subi certaines servitudes imposées par les lois bouddhiques et confucéennes, elles n’ont point été unformément réléguées dans des occupations terre-à-terre ou dans un esclavage sans issue. Toutes les époques ne leur ont sans doute pas été favorables, mais les Japonaises ont toujours exercé, parfois sous un effacement plus apparent que réel, une influence prépondérante dans la famille.

Le retour aux pratiques du shintoïsme — en opposition avec les doctrines bouddhiques et avec la morale de Confucius si hostiles à la femme — a favorisé, depuis la Restauration, la renaissance morale et matérielle des Japonaises.

Aujourd’hui, elles parlent d’émancipation totale, et les plus téméraires d’entre elles aspirent même à diriger la nation. Sans donc nous attarder à des considérations historiques détaillées, examinons leur sort actuel et voyons où elles en sont.

Il n’y a qu’à regarder l’aspect extérieur des choses pour voir combien, depuis la guerre surtout, les Japonaises ont secoué la tutelle masculine et pris des habitudes occidentales ou américaines. Les clans attachés aux modes anciennes et à la vieille morale en sont estomaqués ! On trouve, dans les feuilles conservatrices, d’innombrables dissertations sur l’abandon des vertus