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sa grandeur et dans ses déboires. Mais, ce qui est maintenant commun dans l’Empire mikadonal, c’est l’apparition des femmes dans de nombreuses professions, industrielles, commerciales, libérales. Il y a un mouvement d’indépendance, un élan vers les entreprises originales, une poussée démocratique qui, peu à peu, amène les Nipponnes sur une scène infiniment plus étendue que par le passé.

Il convient, à ce propos, de réagir contre un préjugé qui les représente comme ayant été soumises à une servitude écrasante au cours des siècles précédents. Elles ont occupé une place très importante — quelquefois de tout premier plan — à diverses périodes de l’histoire. N’est-ce point la reine Jingô qui, au troisième siècle, s’empara de la Corée ? Et douze autres souveraines ont contribué à l’expansion et à la gloire des Îles où le Soleil se lève. Dans la politique et la religion, elles ont marqué profondément leur influence. De même, en littérature. Plusieurs poétesses brillèrent d’un vif éclat au huitième siècle, — poétesses dont les œuvres principales ont été conservées dans l’Anthologie de Manyô. Il y eut encore des historiennes, des romancières, des essayistes qui illustrèrent des genres jusqu’alors à peine esquissés et qui répandirent la splendeur de leur esprit dans des œuvres devenues classiques. Les grandes intellectuelles comme Murasaki ou Sei Shôganon dominèrent la société vers l’An 1000. Durant la Renaissance, la loi de femmes, notamment la loi poétique de Tchiyo, se fit aussi très généreusement sentir.