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Suzuki à Tokio furent, un jour, envahis par des manifestants en furie. Celle que la rumeur publique appelait « l’accapareuse », la « profiteuse », et qui était accusée d’avoir fait monter le prix de la nourriture des pauvres, dût quitter la capitale sous un déguisement.

Elle n’en continua pas moins, après ce fâcheux épisode, à poursuivre ses desseins financiers et à échaffauder de nouvelles combinaisons. Un moment, sa fortune fut évaluée à 35 millions de livres sterling. Mais les plus adroits manieurs d’argent ne peuvent indéfiniment maintenir de trop audacieuses positions à la Bourse. Au printemps dernier, la firme Suzuki était obligée de déposer son bilan, malgré l’aide de la Banque de Formose et de puissants établissements de crédit. Mme Suzuki reperdait ainsi une bonne partie de ses profits…, ce qui ne veut pas dire qu’elle ne prendra pas, et à brève échéance, d’éclatantes revanches. On ne sait jamais, avec un cerveau pareillement organisé !

Cette femme d’affaires n’a pas mené une existence luxueuse à l’apogée de sa richesse. Elle a conservé les habitudes d’une simple bourgeoise, vivant loin du faste dans sa petite maison, et n’utilisant son argent que pour des spéculations toujours plus osées. Elle n’a pris d’autres distractions que des parties de gô ou les plaisirs du cinéma. Tout son temps, elle l’a passionnément consacré à la finance.

Sans doute, le type Suzuki n’est pas un type banal dans la société japonaise. La carrière de cette « businesswoman » est exceptionnelle dans