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Tokio, d’Osaka, de Kyoto, de Nara et du Kyushû.

Sont-ils les descendants des Coréens réduits en esclavage par l’Impératrice Jingo ? D’où viennent-ils exactement ? Les savants sont en controverse là-dessus. Dans ce monde des « hommes pollués » se rencontrent les fils de tous ceux qui, pour une infamie quelconque, furent retranchés du corps social, non seulement les esclaves coréens, mais les keraï qui refusèrent de faire hara-kiri sur la tombe de leur seigneur, les déclassés de toutes catégories… Le professeur Basil Hall Chamberlain pense, en tout cas, que les Eta furent constitués en classe distincte au viie siècle ou au viiie siècle, lorsque le bouddhisme atteignit son plein rayonnement au Japon. Les Eta furent chargés de tuer les animaux vivants et de préparer les peaux. Cette fonction paraissait répugnante à tous les sectateurs bouddhistes : ceux qui la remplissaient devinrent des eta, c’est-à-dire « pleins de souillures ». On les appelle encore d’un mot plus méprisant : yotsu (quatre pattes).

Mis en marge de la société, parqués dans des quartiers séparés, traités comme des bêtes impures, les éta se marièrent entre eux, se multiplièrent, et quelques-uns prospérèrent. On en connaît de très riches. Mais ils ont conservé la tare originelle. Le préjugé est toujours sans pitié à leur égard qui les indique comme une race souillée.

Depuis l’ère de Meiji, ils ont été, en principe, lavés de cette tache. Les anciennes classes : shi,