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réplique nipponne de notre Pré-Saint-Gervais. Les orateurs qui se succédèrent à la tribune ne traitèrent que de questions professionnelles, insistant sur la nécessité d’une fusion plus intime des salariés de toutes catégories en vue d’une coopération plus profitable sur le terrain des revendications légales.

Une dizaine de dissidents bolchévisants essayèrent de remuer les passions de la foule et l’un d’eux annonça l’imminence d’une guerre avec les États-Unis. Il fut immédiatement appréhendé. À part ces quelques incidents sans importance, la manifestation se déroula dans le calme le plus complet. La police se borna à de rares interventions. Cette fête montra que les prolétaires modérés savaient fort bien se conduire et discuter leurs affaires sans éclats inutiles[1].

Commentant ces premiers essais pour la formation d’un parti prolétarien, le professeur Ikuo Oyama — de l’Université de Waseda —, un spécialiste des questions sociales, disait alors :

« Cette tendance irrésistible de tous les salariés de la vie contemporaine japonaise n’a pas échappé à l’observation des leaders des grands partis politiques existants qui sont, en fait, les

  1. Le 1er mai 1927 a été célébré, à Tokio, sans aucun incident. Plus de 20 000 travailleurs et aussi des délégations d’ouvrières en costume de travail ont participé à cette manifestation. L’itinéraire avait été fixé par les autorités japonaises et les cortèges étaient solidement encadrés par la police. Chaque groupement syndicaliste avait son drapeau et ses emblèmes. Ce fut un peu une parade à l’américaine plutôt qu’une démonstration d’un caractère agressif. Les manifestants étaient surtout des travailleurs manuels : ouvriers des chantiers navals, des usines métallurgiques, des filatures, des compagnies d’électricité, employés des transports.