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prise quelconque contre l’ordre public. Il suffit même, d’après cette loi, de répandre des bruits alarmistes, d’être tenu pour suspect, et c’est une peine minima de dix ans de réclusion. La police de Tokio avait préventivement dressé une liste comprenant un millier de gens à surveiller — dont une cinquantaine de femmes — afin de mater rapidement les plus dangereux des auteurs de « menées radicales ».

La Fédération Générale du Travail, vraisemblablement pour éviter des difficultés très graves avec le gouvernement, estima prudent, dans ces conjonctures, de se débarrasser des éléments communistes qui auraient pu l’entraîner trop loin. Lors de la réunion qui se tint à Osaka, au printemps de 1925, la C.G.T. expulsa de ses rangs six des principaux disciples bolchévistes. La majorité affirma alors son intention de n’appliquer que les méthodes réformistes et parlementaires pour atteindre ses buts. Mais, comme il fallait s’y attendre, les partisans d’une action révolutionnaire se retirèrent pour fonder un groupement à part. Dans l’ensemble, ils ne provoquèrent qu’un nombre restreint de défections, et ils ne furent suivis que par des troupes assez clairsemées.

À la date du 1er mai de cette année 1925, on craignait des manifestations et des chocs entre les travailleurs appartenant aux deux fractions. Les réformistes l’emportèrent sans conteste au cours d’un meeting en l’honneur de la fête auquel affluèrent 15 000 manitants. Ce meeting eut lieu à Arimagahara —