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rapportait à l’étude que publiait, en avril 1925, dans le Taiyo, M. H. Moriya, 25 % des élèves sortis des grandes écoles ou des universités chaque année ne trouveraient point à se caser. Pour certaines professions, la proportion des « laissés-pour-compte » atteindrait 41 % ! Si l’on considère, en outre, la tendance du gouvernement à réduire le nombre des emplois officiels (il a supprimé, depuis deux ans, environ 45 000 postes de fonctionnaires sur toute l’échelle administrative) l’on comprendra pourquoi la vie est dure pour les « intellectuels ». Ils ont à subir une concurrence qui devient de plus en plus rude du fait de l’intrusion des femmes dans beaucoup de carrières. À quoi pourraient bien s’occuper les « intellectuels » ainsi abandonnés à eux-mêmes, sinon à comploter, à réclamer une société plus clémente à leurs talents ignorés, à protester contre l’ingratitude du ciel et des hommes ? Voilà pourquoi le parti prolétarien fut, à l’origine, salué par eux avec tant d’enthousiasme.

C’est en raison même de la violence des propos de tous ces jeunes gens aigris, des infiltrations de la propagande communiste, des menaces contenues dans les projets des leaders les plus acharnés de ce « mouvement prolétarien » que le ministère de la justice fit voter, en 1925, une loi véritablement draconienne contre les sociétés secrètes et les fauteurs de ce qu’on appelle là-bas les « menées radicales ». De multiples années de prison et de travaux forcés sont promises à tous les propagandistes témoignant du désir de bouleverser la Constitution ou de favoriser une entre-