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truire. Il n’y eut pas que des villes à rebâtir, des ruines à relever : les travailleurs avaient été si éprouvés qu’ils devaient être ralliés par leurs chefs, réadaptés à des disciplines conformes au malheur des temps, mieux préparés pour les luttes futures.

C’est l’œuvre qui se dessina au lendemain même du cataclysme et qui fut poursuivie avec opiniâtreté. À la fin de 1924, le nombre des syndicats de toutes catégories s’élevait à 450, et le nombre des syndiqués à 230 000. Ces chiffres sont faibles, évidemment, et l’on peut dire que le développement du syndicalisme japonais est loin d’avoir suivi le développement de l’industrialisation. Les statistiques du Bureau des affaires sociales, contenues dans le Rodo Jiho, indiquent que la population industrielle comprend 4 millions 245 619 personnes, dont 2 millions 882 983 hommes et 1 million 362 636 femmes. La proportion des syndiqués ne serait donc que de 5 %. Mais, bien que lentement, elle augmente sans cesse.

Il importe, au surplus, de noter que le gouvernement japonais encourage, en un sens, l’esprit corporatif, mais à la condition de le canaliser et d’avoir sur lui un contrôle direct. C’est le cas dans les milieux maritimes. Les dirigeants de Tokio ont là leurs hommes, leurs observateurs qui les renseignent, leurs délégués même. Leur tactique consiste à faire du despotisme libéral, à dominer l’évolution ouvrière. Le dogme de l’omnipotence de l’État doit, à leurs yeux, rester